Les jeunes de la Méditerranée demandent plus d'action de la part de l'Union européenne dans les domaines de l'emploi, du changement climatique, de la santé, de l'égalité des sexes, des droits de l'homme et de la lutte contre la corruption

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Le 10 mai, 6 jeunes méditerranéens ont débattu de leurs priorités et attentes vis-à-vis de l'Union européenne (UE) dans le cadre d'un événement spécial organisé par le programme IEV CTF Med pour marquer la Journée de l'Europe. Alors qu'ils considèrent l'UE comme un garant des droits de l'homme, de la liberté d'expression et de l'égalité des sexes, ils ont également demandé plus d'actions en matière d'emploi, d'environnement et de résolution des conflits.
 

Solidarité, ouverture d´esprit et coopération : point de départ du débat

Ils sont âgés entre 17 et 27 ans. Ils viennent de toute la Méditerranée. Ils sont pleins d'attentes mais aussi de frustrations. Ils sont très engagés dans les questions sociales et environnementales. Pendant plus de deux heures, l'équipe d'IEV CTF Med a mené un débat avec 6 jeunes pour écouter leurs attentes en tant que citoyens de la région méditerranéenne et leurs aspirations vis-à-vis de l'Union européenne.

La plus jeune intervenante, Bianca Carrera Espriu, une espagnole de 17 ans s'est démarquée par sa maturité et son engagement. Bianca, qui a cofondé l'initiative «Peace on Climate» avec Haya Abushkhaidem, une journaliste palestinienne, a lancé le débat en plaidant pour plus de solidarité entre les êtres humains mais aussi envers les animaux et les écosystèmes. Elle demande plus de respect envers la planète.

Haya, 27 ans, a choisi un angle différent pour entamer le débat. Elle a insisté sur le fait que l'UE devrait mieux soutenir les journalistes de la région MENA. Il est extrêmement  important d'en apprendre davantage sur les pays voisins de l'UE de leur propre point de vue et non de celui de l'Europe, a-t-elle souligné.

Alonso Císcar, un espagnol de 19 ans a opté pour la science. Son premier message à l'UE est de se concentrer davantage sur la coopération scientifique, car il estime que la science a un grand potentiel lorsqu'elle est réalisée en coopération.

Yara Açaf, une jeune libanaise de 24 ans, s'est concentrée sur l'importance de travailler ensemble sur des problèmes communs auxquels nous sommes confrontés des deux côtés de la Méditerranée, tels que le changement climatique, la migration et le manque de liberté d'expression. Elle croit qu'en apprenant les uns des autres, nous pouvons aller de l'avant et mieux relever ces défis.

Enfin, Shaima Chachai, une jeune marocaine de 20 ans, dont les parents ont émigré en Espagne, et İrem Apaydın, une jeune turque de 20 ans qui vit actuellement aux Pays-Bas, savent ce que c'est que de vivre à l'étranger et de faire face aux différences culturelles. Au-delà de la famille et des amis, ce qui leur manque le plus de leur pays d'origine, c'est le sens de la communauté et de l'hospitalité.

En apprenant les uns des autres, nous pouvons avancer et mieux relever les défis communs.

Ils sont tous différents et proviennent d'horizons divers, mais ils semblent partager des valeurs communes : l'ouverture d´esprit et l'acceptation des autres tels qu'ils sont. Un message de tolérance et d'espoir à une période où nous en avons cruellement besoin.

Je pense que s´il y a une chose que nous pouvons importer du Maroc en Europe est le sens de la communauté. Dans le monde occidental, nous nous dirigeons davantage vers l'individualisme.

Ils veulent que leur voix soit entendue et une bonne oreille les a écouté: M. Luis Miguel Padilla Bueno, porte-parole de l'UE en arabe pour la région MENA. Il a souligné que la région MENA est la deuxième région la plus jeune au monde où la moitié de la population a moins de 30 ans. Il a pris part au débat pour mieux comprendre leurs priorités et suggérer ce qui pourrait être fait pour améliorer leur situation notamment en matière d'emploi, en soulignant comment L'UE a constamment contribué, par le biais de programmes et de projets, à la création d'emplois, de formation professionnelle et d'opportunités de mise en réseau pour les jeunes. M. Bueno a également insisté sur les attentes vis-à-vis de l'UE dans la région méditerranéenne et sur les nombreux avantages de l'UE, puisqu'elle «fait beaucoup de choses que les autres acteurs ne font pas», mentionnant l'important engagement de l'UE envers les organisations de la société civile, les jeunes militants et les médias. Concernant le programme IEV CTF Med, M. Bueno a déclaré que c'était un bon exemple de ce que l'UE peut faire. «Connecter 14 pays des deux rives de la Méditerranée est une véritable réussite. Très peu d'acteurs sont capables de cela.

Votre programme [IEV CTF Med] est un bon exemple de ce que l'UE peut faire. Connecter 14 pays des deux rives de la Méditerranée est une véritable réussite. Très peu d'acteurs sont capables de le faire.

Adapter les méthodes de recrutement à la nouvelle réalité du marché du travail et interdire les stages non rémunérés

Trouver un emploi est l'une des principales priorités des jeunes. Ils acceptent les stages non rémunérés car les employeurs demandent beaucoup d'expérience pour recruter. Cette stratégie n'est plus durable et acceptable. Les recruteurs doivent être plus réalistes et réduire leurs attentes. De nombreux étudiants récemment diplômés n'ont pas pu faire de stage au cours de la dernière année et demie en raison de la pandémie. La plupart des intervenants ont partagé leur sentiment commun de frustration et d’injustice de travailler gratuitement dans le but d’acquérir de l’expérience et d’avoir une chance d’être recrutés dans un avenir proche.

Dans un contexte qui connait une augmentation des emplois virtuels, tant les recruteurs que les jeunes diplômés doivent s'adapter en repensant la manière de recruter et d'acquérir de nouvelles compétences. Certaines grandes entreprises fournissent déjà des guides d'entretien numériques pour aider les candidats.

L'une des propositions que les jeunes feraient à l'UE est d´interdire les stages non rémunérés et de fournir un soutien pour acquérir de nouvelles compétences afin de s'adapter à la nouvelle réalité des emplois en ligne dans toute la région méditerranéenne.

L'Union européenne devrait interdire les stages non rémunérés.

Leçon tirée du COVID-19 : comment cette crise peut aider notre planète
 

La plupart des intervenants ont convenu que grâce au COVID-19, le monde s'est rendu compte que nous pouvons réduire les causes du réchauffement climatique. Lors du confinement mondial de l'année dernière, les émissions de gaz ont été réduites. Cela devrait encourager les gouvernements à faire un effort mondial car cette crise a prouvé que ce qui semblait impossible s'est produit.
En ce sens, Shaima a appelé à un effort global tout en tenant compte des caractéristiques de chaque pays. Conformément à cette proposition, Bianca a souligné la nécessité d'un engagement commun en faveur d'un modèle méditerranéen de tourisme durable, garantissant que l'aide de l'UE aux pays du sud ait un impact durable et taxant les entreprises européennes qui se délocalisent dans des pays aux normes environnementales moins strictes.

Les missions de paix devraient envisager des projets environnementaux car ceux-ci créeront un impact positif durable pour les communautés.

Mme Boushra Barakat de l'Université américaine de Beyrouth au Liban, a soulevé la question des déchets de la construction et de l'importance d'avoir un système efficace de collecte de données unifié entre les pays ainsi qu'une réglementation commune sur la gestion des déchets.

Aux générations plus âgées : nous voulons être considérés comme des individus égaux ayant des opinions et pouvant créer des changements
 

En abordant les attentes des jeunes envers les gouvernements nationaux et plus particulièrement à la Commission et au Parlement européen, Alonso, Shaima et İrem, qui sont membres du Parlement européen de la jeunesse, veulent être pris plus au sérieux par leurs collègues plus âgés. Ils sont enthousiastes par la Conférence sur l'avenir de l'Europe, une large consultation citoyenne en cours pour aider à façonner l'avenir de l'Union européenne, car ils attendaient avec impatience une telle initiative.

Les jeunes sont beaucoup plus ouverts au changement et moins affectés par les traditions culturelles.

Ils seront contents le jour où les jeunes (de moins de 30 ans) seront députés parce qu’ils croient que nous ne pouvons pas légiférer sur les jeunes sans travailler avec eux. Ils se considèrent plus ouverts au changement et moins affectés par les traditions culturelles par rapport à l'ancienne génération. Ils peuvent faire des compromis pour le bien de la société. Ils veulent se débarrasser du stéréotype des jeunes considérés comme des personnes inexpérimentées.

Les gouvernements légifèrent sur les jeunes sans vraiment travailler avec les jeunes.


Des pays voisins de l'UE : c'est une question de priorités et nous voulons plus d'action de la part de l'UE 

Le chômage des jeunes, le changement climatique et plus d'égalité entre les générations dans la représentation politique font partie des priorités des jeunes mais selon l'endroit où vous vivez, ces priorités restent moins urgentes lorsque les droits de l'homme, la liberté d'expression et simplement lorsque votre survie sont en jeu. C’est la raison pour laquelle Haya, de Palestine, classe différemment les priorités des jeunes et a demandé à l’UE de jouer un rôle plus actif en soutenant des solutions positives au Moyen-Orient.

Nous aimerions voir un réel soutien de la part des pays de l'UE et de l'UE afin que nous puissions nous préoccuper de problèmes moins graves.


Que peut faire l’UE pour améliorer la vie des gens?

A cette dernière question, nos 6 intervenants ont  posé sur la table un large éventail de propositions.

Ils estiment tous que l’UE est un acteur clé sur la scène internationale, qu’elle a beaucoup de pouvoir et qu’elle a déjà accompli beaucoup de choses. Mais pour aller plus loin, ils demandent :

• Premièrement, l'UE doit diriger un effort mondial pour le changement climatique.
• Deuxièmement, l'UE devrait intensifier ses efforts pour soutenir la résolution des conflits au Moyen-Orient et garantir les droits de l'homme lorsqu'ils sont violés.
• Troisièmement, il faut faire davantage pour que les femmes garantissent l'égalité des sexes mais aussi pour lutter contre la violence sexiste qui a augmenté pendant la pandémie.
• Quatrièmement, ils demandent à l'UE de supprimer les protections par brevet concernant les vaccins COVID-19 afin que tous les pays ayant la capacité de produire des vaccins puissent le faire.
• Enfin, l'UE devrait intensifier sa lutte contre la corruption.

De leur côté, ils se sont prononcés. Maintenant, la balle est dans le camp de l'UE. Espérons qu’elle en tiendra compte pour façonner l’avenir de l’Europe et de ses voisins.

Le programme IEV CTF Med tient à remercier chaleureusement Bianca, Haya, Alonso, Yara, Shaima et İrem pour leur énergie, leur enthousiasme et leurs excellentes idées.

Avertissement: les opinions exprimées dans cet article de presse ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l'Union européenne ni du programme IEV CTF Med.