#WOMED - "Les hommes devraient se mettre à notre place et commencer à se demander pourquoi les femmes doivent en faire plus pour être plus crédible": Federica Ditta, Italie

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C´est le deuxième volet de notre série de sept articles publiés dans le cadre de la Journée internationale de la femme pour mettre en lumière des femmes qui ont réussi à casser des stéréotypes dans leur société  grâce aussi à leur participation à des projets financés par le programme  IEV CTF Med.


Federica Ditta est une designer produit, italienne, diplômée de l'université de Palerme en design industriel en 2016. Elle a 28 ans et a créé une start-up appelée Risacca  avec 2 associés hommes, grâce au soutien financier de GIMED, un projet financé par le Programme IEV CTF Med.

Jusqu'à ce qu'elle obtienne son diplôme universitaire, elle n'avait jamais ressenti de discrimination en tant que femme, mais les choses ont commencé à changer lorsqu'elle a commencé à travailler. Sa première expérience fut en entreprise, au département Recherche et Développement où elle était la seule femme. Elle concevait des prototypes et les produisait avec des imprimantes 3D. Après un certain temps, elle a quitté ce travail et a commencé à travailler à son compte sur la conception de produits et l'économie circulaire et elle est retournée dans sa ville natale, Mazara del Vallo, en Sicile.

Risacca vise à réutiliser et recycler des déchets et à les transformer en un nouveau produit. Par exemple, elle travaille avec des pêcheurs qui ne savent pas comment se débarrasser de leurs filets de pêche usagés, en partie à cause d'un manque de réglementation sur la façon d'éliminer ce type de déchets et aussi parce qu'il est coûteux de s'en débarrasser. Elle récupère ces filets de pêche inutilisés et les transforme en sacs (`Sacca´ signifie sac en italien, d'où le nom de l'entreprise).



L'équipe de Risacca : Federica avec Carlo Roccafiorita et Cristiano Pesca (photos publiées avec l'aimable autorisation de Risacca © Davide Casciolo pour MIND)

Discrimination subtile et manque de crédibilité
Federica décrit très bien le type de discrimination qu'elle subit ; c'est une discrimination insidieuse. En Italie, dit-elle, il n'y a pas de loi écrite interdisant aux femmes de faire certains jobs, mais les hommes vous font sentir qu'en tant que femme, vous n'êtes pas assez bonne pour faire certains jobs spécifiques. Combien de fois a-t-elle assisté à des salons de design industriel et les gens lui disaient qu'ils voulaient parler au technicien et à quel point ils étaient surpris lorsqu'ils se rendaient compte qu'elle est la technicienne.

“En Italie, nous n'avons aucune loi interdisant aux femmes de faire quelque chose ou d'aller n'importe où, mais dans ce cas, la discrimination est insidieuse”

Cela se passe également lorsqu'elle se rend à la quincaillerie et demande des pièces spécifiques ou lorsqu'elle doit acheter des équipements industriels. Les hommes adaptent subtilement le langage pour qu'elle puisse comprendre les détails des équipements techniques et encore une fois, ils sont étonnés de voir qu'elle peut parfaitement parler leur langage car elle a déjà travaillé avec ce type d´équipement. La plupart du temps, les hommes ne se rendent pas compte qu'ils discriminent.

Augmenter la crédibilité pour briser certaines barrières
Federica est jeune et ses deux partenaires de Risacca aussi. Être sélectionné et gagner la subvention du projet GIMED les a beaucoup aidés à gagner en crédibilité auprès des investisseurs et des entrepreneurs plus expérimentés. Cette fameuse crédibilité si nécessaire lorsqu´on est jeune et femme pour faire ses preuves.

“Les petites filles n'ont aucune représentation des femmes qui pourraient être des modèles comme une femme politique ou une femme ingénieure”

Quelle est la prochaine étape pour supprimer ces barrières ?
Les filles ont besoin de plus d'exemples de femmes qui les entourent qui sont ingénieures, scientifiques, politiciennes. Si elles manquent de telles références, comment peuvent-elles s'imaginer travailler dans ces domaines ?
Mais les filles ont aussi besoin de parler aux mecs, de leur expliquer pour qu'ils se rendent compte de ce que vivent les filles car ils ne sont pas pleinement conscients de ces discriminations. Federica a réalisé qu'elle faisait face à des obstacles lorsqu'elle a commencé à suivre des filles sur Instagram qui partageaient leurs expériences et s´est reconnue dans ces exemples. Il a fallu du temps à Federica pour s'en rendre compte, alors comment pouvons-nous nous attendre à ce que les hommes nous comprennent s'ils ne se mettent pas dans nos robes.
Le privilège n'est pas quelque chose que vous pouvez voir, mais il supprime les obstacles pour atteindre vos objectifs. Si les hommes s'imaginent sans privilège, ils comprendront peut-être mieux les femmes qui doivent faire face à ces inégalités injustifiées.


Le sac Risacca : circulaire, fait main et durable (photos avec l´aimable autorisation de Risacca)