"Mauvaises odeurs, pollution, insectes et risques sanitaires : les habitants de Sfax parlent d'un quotidien devenu insupportable. La situation est tellement critique que le gouverneur a demandé l'intervention directe de l'armée pour sécuriser les circuits de collecte des déchets". Ainsi, il y a quelques jours à peine, le journal La Presse de Tunisie relatait la grave crise environnementale de la ville de Sfax en Tunisie. Une urgence, celle liée à la pollution, qui n'est que la dernière manifestation d'un problème structurel.

Pour cette raison, l'Observatoire écologique régional de la ville de Sfax, ORES, a décidé d'utiliser le financement apporté par le projet ENSERES pour développer un projet qui entend aborder le problème des déchets de manière systématique et intégrée, impliquant la communauté dans une pratique qui à long terme peut devenir décisive.

« La région a vu s'accumuler des quantités de déchets sur une longue période, transformant la ville en une décharge à ciel ouvert. Cette urgence a suscité une prise de conscience générale, notamment au niveau des acteurs de la société civile. À cet égard et suite à l'actualité alarmante de la ville, nous avons ressenti l'urgence d'agir et de proposer des initiatives visant à trouver des solutions immédiates, à partir du domaine marin », déclare Amira Makni, présidente d'ORES. Le résultat d'un tel effort a été "Lutter contre la pollution marine". Grâce à la petite subvention du projet ENSERES, le port de Sfax verra naître un comité de cogestion formé par les représentants de toutes les entités opérant dans la zone, pêcheurs, institutions et organisations environnementales. Le comité sera le fruit d'ateliers et de sessions de formation, nécessaires à l'élaboration d'une stratégie partagée.

Par la suite, un diagnostic environnemental sera réalisé. L'identification des pollueurs sera faite afin d'avoir une base de données et une image rationnelle de cette situation dangereuse. Le projet passera ensuite à sa phase opérationnelle, caractérisée par des activités de sensibilisation et de nettoyage. En attendant, des mesures préventives pour protéger l'environnement marin du port seront discutées et mises en place. « Tackle Marine Pollution » permettra également la collaboration entre une start-up et l'Université de Sfax. Ensemble, ils travailleront à la construction d'une machine de collecte/dépollution qui aidera les autorités locales à préserver les eaux du port.

« Grâce au projet ENSERES et ORES, tous ensemble nous pourrons élever le niveau de sensibilisation et d'implication des différents acteurs et de la communauté », Wajdi Aydi, adjoint au maire de la Commune de Sfax. « Cette initiative - poursuit Aydi - introduit une nouvelle solution pour le nettoyage de l'environnement marin entourant le port. Cela aidera à faire face à l'urgence et servira en même temps de modèle d'effort collectif pour la solution d'un problème ancien et menaçant ».