CLIMA project raises awareness of food waste during the holy month of Ramadan. Second episode in Tunisia

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Ramadan, le mois saint des musulmans, est avant tout un moment spirituel, pendant lequel les femmes et les hommes pratiquent le jeûne. Une période durant laquelle les membres de la même famille renforcent leurs liens sociaux et se réunissent chaque soir autour de la table.

Mais Ramadan est aussi un moment de gourmandise et malheureusement de gaspillage, un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur d’année en année. Avec le docteur Sonia Hamzaoui, chargée de recherche à l’institut national du patrimoine et présidente de la chaire universitaire de l’Organisation arabe pour l'éducation, la culture, et les sciences sur le patrimoine culinaire dans les pays arabes, nous avons abordé plusieurs questions, à savoir :

  • L’impact du gaspillage alimentaire
  • Les changements sociaux à l’origine du phénomène
  • Les solutions pour l’éviter

Le gaspillage résulte des changements sociaux que nous vivons

Nos ancêtres n’étaient pas adeptes du gaspillage alimentaire, il s’agit d’un phénomène récent dans la société tunisienne. On peut l’expliquer en partie, par le changement qu’a connu le modèle social tunisien avec l´entrée des femmes sur le marché du travail, la mondialisation des connaissances culinaires à la place de la cuisine traditionnelle et l’augmentation du nombre de fast-foodL’absence de solidarité entre les citoyens et l’individualisme nous conduisent à jeter nos aliments au lieu de les partager avec un voisin ou avec les chats du quartier.

L’essentiel c’est de savoir planifier, d’être attentif et conscient que ce qu’on jette aujourd’hui impacte notre budget familial, l’économie de l’Etat et les ressources naturelles. Pour les générations futures, la production d’une baguette de pain nécessitera l’équivalent d’une baignoire d’eau!

Le gaspillage alimentaire en chiffres

Le gaspillage alimentaire est un phénomène mondial. Un tiers de la production destiné à la consommation humaine dans le monde est perdu ou gaspillé. En Afrique du nord en moyenne 210 kilos sont gaspillés par individu en un an. 85% le sont par le producteur ou le commerçant et 15% par le consommateur. Ces chiffres sont en contradiction avec la réalité en Tunisie où 600 milles personnes souffrent d’une sous-alimentation.

Pendant le ramadan, le gaspillage prend de l’ampleur. Les plats cuisinés, le pain et même des produits nobles comme la viande et les fruits secs sont jetés à la poubelle. En l’absence d’unité de traitement et de compostage, toute cette nourriture gaspillée représente un risque pour l’environnement. Pollution de la terre et des ressources aquatiques ainsi qu’une surexploitation des ressources naturelles. Cela représente aussi un problème d’éthique. Des hommes meurent de faim alors que d’autres gaspillent les aliments.

L’impact du gaspillage alimentaire

Sur le plan économique, le gaspillage impacte le budget familial avec des achats inutiles tout autant que le budget de l’Etat pour le traitement des déchets qui en résultent ainsi que les frais de transport et les frais sanitaires.

A ce sujet, docteur Hamzaoui nous apprend que le gaspillage peut être évité dans les différentes chaines de pratiques alimentaires. A titre d’exemple, lors de la récolte il est recommandé de retourner aux pratiques ancestrales comme le troc qui permettait d’échanger les produits dont on ne dispose pas avec les autres. Une autre pratique solidaire à connotation religieuse consiste à donner une partie de sa récolte aux personnes nécessiteuses. Cela permet, en partie, d’équilibrer la distribution de la production.

Les solutions contre le gaspillage alimentaire

Au niveau de l’approvisionnement familial, charger une seule personne de faire les courses en se limitant à une liste d’achat préétablie et l’établissement d’un inventaire régulier du réfrigérateur, permettent également de limiter la consommation et surtout le gaspillage. La conservation des aliments, frais ou cuisinés, contribue à la lutte contre le gaspillage alimentaire. L’usage du réfrigérateur doit aussi être accompagné par une connaissance des températures nécessaires à la conservation et un nettoyage fréquent pour éviter la prolifération des microbes. 

La lutte contre le gaspillage ne s’arrête pas là. Lors de la préparation des plats, il faut veiller à ne rien jeter à la poubelle. Les épluchures des légumes serviront pour faire un bouillon, celles des fruits à faire des tisanes. 

Une fois nos plats cuisinés, notre politique anti-gaspillage ne doit pas s’arrêter. La présence de tous les membres de la famille à table pour le dîner doit-être accompagnée par des consignes données aux plus jeunes pour les sensibiliser quant aux dangers du gaspillage alimentaire. Après avoir respecté toutes ces étapes de la production jusqu’à la consommation, il nous faut savoir bien exploiter les restes au lieu de les jeter à la poubelle. Ces « restes » peuvent être réutilisés avec des recettes faciles et pas chères.