La perte alimentaire dans le secteur de la grande distribution en Tunisie est devenu un problème majeur. Selon une étude conjointe de l'Institut National de la Consommation et de la FAO, environ 2 314 tonnes de produits alimentaires sont perdus chaque année, représentant une valeur économique de 2,8 millions de dinars. Les produits céréaliers, en particulier, ont été touchés par la crise entre la Russie et l'Ukraine, premier importateur de céréales pour la Tunisie.

Face à cette situation alarmante, le projet CLIMA de l'Union européenne, avec le soutien d'un collectif d'organisations à but non lucratif et gouvernementales luttant contre la perte alimentaire, a sollicité quatre grandes chaînes de distribution en Tunisie. Parmi elles, Monoprix, l'un des plus grands réseaux de supermarchés en Tunisie,  a été la seule à accepter de collaborer sur un projet pilote visant à résoudre le problème de la perte alimentaire.

Ce projet ambitieux comprend plusieurs initiatives cruciales. Il vise à sensibiliser les employés et les clients à la problématique de la perte alimentaire, à impliquer les fournisseurs, à introduire le tri sélectif et à promouvoir la donation d'invendus. Cette collaboration a abouti à la mise en place de deux projets pilotes majeurs.

À Mahdia, le tri sélectif des déchets a été lancé dans le magasin Monoprix, avec une intégration au système de collecte sélective municipal en vue de la production de compost.

À Tunis, la deuxième initiative implique la donation quotidienne d'invendus provenant de sept magasins Monoprix à deux associations : UNIVERSELLE, une organisation humanitaire qui fournit des repas aux personnes vulnérables (y compris les sans-abri, les migrants subsahariens et les familles dans le besoin), et VILLAGE SOS, une association dédiée au soutien des enfants vulnérables. Ces partenariats sont en cours de formalisation d'accords de collaboration à long terme.

Le gaspillage et la perte alimentaire en Tunisie, malgré son importance, n'ont pas encore étés traité de manière exhaustive, et un cadre juridique fait défaut. Grâce à ces projets pilotes, CLIMA espère établir de nouvelles pratiques et plaider en faveur de cette question cruciale, compte tenu de ses implications environnementales, économiques et sociales significatives. En travaillant main dans la main avec les secteurs du tourisme et de la grande distribution, le projet CLIMA de l'Union européenne jette les bases d'une Tunisie plus durable sur le plan alimentaire.