L’une des étendues côtières les plus belles de la Méditerranée, où, malheureusement, l’équilibre entre les activités humaines et l’environnement se détériore, année après année. La municipalité de Sfax et les îles de Kneiss se trouvent dans le golfe de Gabés, dans un vaste plateau continental sans élévations et avec une légère pente; des caractéristiques topographiques qui, avec les caractéristiques biologiques et géographiques, en ont toujours fait un quadrant  marin idéal pour la reproduction et la croissance d’innombrables espèces animales et végétales. 

Les îles Kneiss représentent peut-être l’espace naturel le plus important du golfe. L’archipel se trouve à 3.5 km de la côte, et consiste en quatre petites îles: Dziret el Bessila, Dziret el Hjar, Dziret el Laboua et Dziret el Gharbia. Toutes les îles ont des bases de calcaire, et sont couvertes de lacs de pluie et de zones humides d’une valeur telle, qu'elles sont incluses dans la Convention Internationale de Ramsar de 2007. La position médiane, pré-désertique du golfe en fait un lieu crucial pour le déplacement et la nidification des oiseaux migrateurs. Plus de 70% des espèces enregistrées en Tunisie sont hébergées par les îles Kneiss, qui est un Espace Marin Protégé depuis 1993. On dénombre 330,000 spécimens selon  les recensements les plus récents. Ces derniers comprennent la petite aigrette, le chevalier gambette, la mouette à bec fin, le canard Spatula, et le grand flamant.  

L’archipel est surplombé par Sfax, chef-lieu de la province, (plus d’un million d’habitants), et centre économique majeur de  la Tunisie avec ses usines et son puissant flux de touristes répartis sur les 235 km de littoral. La pollution générée par la production industrielle pèse lourdement sur toute la région. Récemment, Sfax a également été au centre de tensions sociales générées par l'épouvantable accumulation de déchets dans les rues de la ville, provoquée par la fermeture de la décharge d’Aguareb, dans laquelle de larges quantités de déchets toxiques auraient été déversées. Ce que certains ont défini comme une véritable catastrophe environnementale, est également grevé d'un mauvais système de canalisation, qui déverse directement à la mer d'importants volumes de déchets. Ici, la faune marine est également menacée par la vieille tradition du chalutage, qui dévaste les herbiers de posidonie et appauvrit la faune.. 

“Nous avons besoin de construire une harmonie nouvelle entre les activités économiques et l’environnement”, explique Sarra Hihi, de la municipalité de Sfax, coordinatrice du  projet ENSERES. “ La tâche ne sera pas facile, elle prendra certainement du temps. Mais je crois que le projet ENSERES a déjà montré qu’une graine peut être semée. J’en suis venue à très bien connaître les associations qui opèrent de manières différentes avec l’environnement. Elles ont de la force et de l’enthousiasme, elles ont de l’espoir. Leurs projets, financés par ENSERES, pourraient être le début d’une nouvelle attitude envers la nature; elles sont certainement les voix de la société qui veut changer.”