#WOMED - Avec de la volonté, contre vents et marées : parcours d´une migrante qui aide des migrants en Sicile. Découvrez l'histoire de Karidja Diabate, Côte d'Ivoire

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C´est le quatrième volet de notre série de sept articles publiés dans le cadre de la Journée internationale de la femme pour mettre en lumière des femmes qui ont réussi à casser des stéréotypes dans leur société  grâce aussi à leur participation à des projets financés par le programme  IEV CTF Med.


Karidja Diabate est une femme ivoirienne de 36 ans, mère d´une fille de 5 ans. Elle est arrivée en Sicile en 2017. Depuis qu´elle vit à Palerme, elle a découvert sa vocation : devenir assistante sociale. Grâce à plusieurs projets et formations notamment un sous projet financé par MoreThanAJob, the Game, pour l´insertion socio-professionnel des migrants, elle travaille actuellement en tant que médiatrice culturelle et linguistique pour accompagner les personnes migrantes dans leurs différentes démarches administratives, recherche d´emploi, etc.

Au premier abord, on pourrait penser que devenir assistante sociale en Italie n´est pas la mer à boire mais pour une étrangère comme Karidja cela ressemble plus au parcours du combattant.
D´abord, il a fallu apprendre l´italien, puis essayer de faire reconnaitre son diplôme ivoirien. Ensuite il faut passer des concours pour pouvoir entrer à l´université publique. Après deux tentatives, elle s´est inscrite dans un organisme privé. Puis, il faut faire face aux réactions de son entourage. La plupart des personnes étrangères ne comprennent pas l´obstination de Karidja de décrocher un diplôme. Pour eux, c´est une perte de temps. Elle ferait mieux d´aller travailler.

"« Je dois dire que sans la langue, le courage, la volonté et la motivation, on ne peut parler d´ intégration. »”

Après 5 ans en Italie, elle constate une grande absence de femmes étrangères dans le monde du travail. Est-ce par manque d´intégration, manque de volonté et de motivation ? Les raisons sont multiples et complexes. En tout cas, ce qui caractérise Karidja, c´est bien sa force de volonté et sa détermination à surmonter les obstacles. Par exemple, faire faire le passeport de sa fille sans l´autorisation du père, qui au passage ne l´a pas reconnu, a été un des obstacles auxquelles elle a dû faire face. L´affaire est arrivée au tribunal des mineurs et après moults difficultés, elle a gagné la bataille.

Elle aime se définir comme une femme-garçon parce qu’elle assume le rôle du père et de la mère. Dans la mentalité africaine, être une femme libre et déterminée n´est pas un acquis et elle sait de quoi elle parle. Elle a payé cher pour pouvoir acquérir cette indépendance. 
Dans la communauté où elle vit, elle est la seule femme. Au travail, elle est aussi la seule femme. Peu importe. Ce n´est pas ça qui va la décourager. Sa recette est composée d´une grande dose de volonté, de motivation, le goût d´apprendre et être proactive. 

Femme libre, elle ne se met pas de contraintes : si le vent l´emporte ailleurs ou la ramène en Côte d´Ivoire, pourquoi pas. Jusqu´à maintenant, elle est satisfaite de son parcours. L´important pour le moment est de travailler dans le social, d´être à l´écoute et d´aller de l´avant. Pour la suite, l´avenir le dira.

"Je suis la seule femme où je vis et où je travaille. Dans la mentalité africaine, ce n'est pas courant. Je me considère comme une « femme-garçon » car j'assume à la fois le rôle de mère et de père."


Karidja au travail, accompagnant l'intégration de migrants à Palerme, Italie