Plus que des fleurs, les femmes ont besoin d’égalité de traitement, l’accès au crédit et du soutien de la société pour casser les stéréotypes : lisez les principales conclusions de notre webinaire sur les femmes entrepreneures

image

À l'occasion de la Journée internationale de la femme 2021, le programme IEV CTF Med a organisé un webinaire sur «Les femmes entrepreneures: un facteur essentiel pour parvenir à une vraie égalité entre les sexes en Méditerranée». Pendant plus de deux heures, des intervenantes de toute la région ont débattu sur les défis et comment une femme méditerranéenne peut résussir comme entrepreneure. Le résultat est inspirant. 

Les lois sur la parité sont essentielles pour établir un cadre juridique, mais elles doivent être accompagnées de programmes éducatifs sur l'égalité des sexes pour la rendre efficace

Mme Daría Terrádez Salom, directrice générale des relations avec l'UE à la Generalitat Valenciana en Espagne, a commencé ce webinaire avec des exemples d'écart hommes-femmes malgré une loi qui devrait garantir l'égalité (c'est-à-dire l'article 14 de la Constitution espagnole). Par exemple, dans ce pays, l'écart salarial est toujours de 21%. Elle considère également que les femmes continuent à être traitées comme des objets : elles sont toujours définies par leur apparence physique, et non par leurs capacités intellectuelles. En ce sens, elle a affirmé que l’égalité des sexes doit être garantie dans tous les secteurs, mais surtout que les lois doivent aller de pair avec l’éducation aux valeurs démocratiques et à l’égalité des sexes.

Les femmes continuent à être traitées comme des objets : elles sont toujours définies par leur apparence physique et non par leurs capacités intellectuelles.


Les femmes devraient être davantage impliquées dans le dialogue social avec les gouvernements pour garantir plus d'égalité

Jihen Boutiba, secrétaire générale de l'Union des confédérations méditerranéennes d'entreprises, a donné quelques exemples de projets qu'elle gère (coordinatrice d'INVESTMED, partenaire de SOLiD) qui aident les femmes à accéder aux postes à responsabilités et dans le milieu des affaires. Elle a souligné que l'autonomisation économique des femmes n'est pas seulement un droit humain, mais aussi un outil puissant pour les gouvernements afin de remettre leurs économies sur les rails. En ce qui concerne l'intégration de la dimension du genre, elle estime que les femmes devraient participer plus activement au dialogue social entre la société civile et le gouvernement car c'est le forum où la plupart des lois sont débattues.

L'autonomisation économique des femmes n'est pas seulement un droit humain, mais aussi un outil puissant pour les gouvernements afin de remettre leurs économies sur les rails.

Être une femme entrepreneure au Moyen-Orient est 10 fois plus dur qu'en Europe

Penelope Shihab, l'une des femmes arabes les plus influentes en 2018, se définit comme une scientifique et une entrepreneure en Jordanie. «Pour être une femme entrepreneure dans un pays arabe, il faut être très forte, ne pas avoir peur, être très indépendante, libre, très qualifiée, éduquée et libérale afin de faire face à une société dominée par les hommes, qui discrimine les femmes par des lois.»

Elle a donné un aperçu de certains des défis les plus importants auxquels elle a dû faire face en tant que femme entrepreneure : accès au financement (comment convaincre les investisseurs qu'elle peut y arriver malgré le fait d'être une femme arabe et musulmane), accès aux données, accès aux transports en toute sécurité (donc pas besoin de voyager avec un mari ou un frère pour faire son travail), lutter contre les stéréotypes dans la région (les femmes doivent se marier, élever leurs enfants et s'occuper de leur maison au lieu d'être entrepreneures).

Elle plaide pour plus de «modèle féminin» qui puisse inspirer les nouvelles générations et n'oublie pas l'importance du soutien de sa famille pour réaliser ses rêves.

Pour être une femme entrepreneure dans un pays arabe, il faut être très forte, ne pas avoir peur, être très indépendante, libre, très qualifiée, instruite et libérale afin de faire face à une société dominée par les hommes, qui discrimine les femmes par des lois.

En matière d'achat, les femmes représentent 70% des prises de décision. Lorsque les femmes ont accès au financement et à la richesse, elles ont tendance à redistribuer davantage

Rana Ezzeddine, vice-présidente de la Fédération internationale des femmes d'affaires et professionnelles (BPW), a eu la chance d'avoir une tante comme modèle et un grand-père ouvert d'esprit qui croyait en l'autonomisation des femmes et ses avantages pour la famille et pour la société dans son ensemble. La femme d'affaires libanaise a confirmé que sans diversité dans les affaires, c'est-à-dire avoir plus de femmes dans les affaires, nous ne pouvons pas avoir une économie forte.

Nous avons besoin d'une amélioration verticale (changer les lois) mais aussi d'une amélioration horizontale (changer les mentalités) pour autonomiser les femmes
 

Iman Bibars, vice-présidente d'Ashoka, une organisation internationale pour l'entrepreneuriat social, aime se présenter comme entrepreneure sociale et militante.

Dans le cas de l'Égypte, elle a expliqué que les lois se sont beaucoup améliorées ces dernières années en termes de droits sociaux et politiques pour les femmes mais que le village manque, ce qui signifie que les gens et la communauté ne suivent pas la voie du cadre juridique. Par conséquent, elle pense que les règles du jeu devraient être modifiées par l'éducation pour changer les mentalités.
 

Il faut un village pour autonomiser les femmes : les règles du jeu doivent être modifiées par l'éducation pour changer les mentalités.

À la question, de quoi ont besoin les femmes pour devenir indépendantes, elle répond qu'elles doivent croire en elles-mêmes, travailler dur et exceller dans ce qu'elles font.

Éduquer à l'égalité et plus de "modèle féminin"
 

Pour conclure, les femmes méditerranéennes ont besoin de plus de modèles féminins. Plus les voix seront entendues, plus cela inspirera les filles et les jeunes femmes à suivre le chemin de ces «modèles féminins» et à défier les barrières sociales et culturelles pour mener à bien leur carrière.

Bien que des améliorations aient été apportées sur le plan juridique, il existe encore un grand écart entre la théorie et la pratique. Les économies doivent prendre davantage en compte la contribution du travail des femmes pour une croissance durable. Toutes les intervenantes ont convenu qu'éduquer à l'égalité est la réponse pour construire une nouvelle génération où les femmes peuvent être indépendantes, autonomisées, participer pleinement dans la société et contribuer à l'économie méditerranéenne.

C'était un événement tellement révélateur! Toutes les présentations étaient inspirantes et motivantes. Merci au programme IEV CTF Med d'avoir organisé ce merveilleux événement stimulant.